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Christian Noorbergen, octobre 2019

Galerie Miriam Hartmann, Aix-en-Provence

 

Subtile, insidieuse, poignante et dense, la peinture de Michel Tosca est l'une des plus fines et des plus secrètes qui soient. Abstraite et minérale, nocturne et décalée, sa création est une sécrétion d'intimités formelles impensables et fascinantes. Ses Résurgences font naître l'idée d'un micro univers en train de surgir, happé par une sensibilité rare.

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Claude Martel, septembre 2012 

Présentation de l'exposition à la galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon

« Ce que je cherche ? C'est me laisser surprendre par les formes que je peux faire naître. Je les malmène, les efface, les oublie, les retrouve, telles des résurgences. Je ne les conserve, in fine, que si j'ai l'impression qu'elles expriment quelque chose de fort en moi. C'est avant tout une aventure que je revendique, des découvertes, de l'inattendu, comme si ce-faisant je me découvrais moi-même...»

 

L'artiste nous propose le survol d'une planète inconnue, une planète dont nous ne connaitrions jamais la totalité, mais seulement quelques points de vue, quelques morceaux choisis, qui laissent imaginer par leur diversité la surface fascinante de cette « terra incognita ». Tantôt d'apparence métallique, présentant une riche gamme de gris, tantôt telles des éruptions solaires en négatif lançant des formes déchiquetées ou griffures d'un noir profond, des variations de la matière surprennent et déjouent les prévisions les plus imaginatives de notre esprit. Parfois nous sommes transportés à l'intérieur même de la terre comme au plus profond de notre ça, puis, à travers la luxuriance de la jungle, nous apercevons le ciel, un ciel blanc, éblouissant, insoutenable, métaphysique.

 

Michel cherche à montrerl'invuplutôt que l'invisible, il s'attache à saisir l'architecture énergétique des rythmes du vivant, le jeu tendu des forces en action. Ses tableaux nous offrent une vision de la matière à l'oeuvre en jouant sur l’ambiguïté de l'échelle et l'incertitude de la matière des éléments, des règnes ; ils sont en suspens entre matière et forme où ce qui surgit du cœur du papier nous apparaît violemment présent, sans être identifiable. Hésitant entre le minéral et le végétal, des structures émergent et s'offrent comme de purs moments de poésies.

 

Mettre les apparences en apparence. Quelle belle attitude déjà ! Ce qui est difficile, c'est de regarder. Derrière les apparences, il y a d'autres apparences. L'artiste dialogue avec la terre, cherche à capter son sens caché. La matière est inexorable ; elle est comme elle doit être : c'est dans cette posture d'abandon que le travail de Michel Tosca commence. La matière devient pensée.

 

Senti, attentif, ce travail est de ceux qui nous invitent à voir un autre monde, tout près, où les forces à l'oeuvre s'offrent par fragments, où les possibles du vivant sont là, dans une image qui reste toujours en deçà des formes reconnaissables. Michel nous propose une vision de la matière au travail en nous et hors de nous.

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Mijo Leblanc, novembre 2012

A propos de l'exposition à la galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon

J’aimerais écrire comme il peint. Avec la pointe d’un cil. 

Mais les mots souffrent d’épaisseur… 

Si lui dessine du floconneux, moi je ne trace que du gras. 

Si son pinceau devient ciselet, moi je ne débite que du texte bourratif.   

L’écriture n’est pas miniature. Du moins, pas la mienne. 

Elle n’est pas un travail d’aile de papillon. 

Elle n’est pas vol d’insecte qui tangue et divague.

Qui enregistre sa trace folle.

Qui décrit des danses et des errances.

Mon écriture a des lourdeurs

Que ne connaît pas sa peinture.

 

Je lui envie aussi cette continuité lente, cette perpétuité silencieuse. 

Sa ligne couvre sans répit. 

Mes phrases à moi, elles toussent. 

Sans cesse elles buttent. Sur un petit vide. Sur une petite chute. L’écriture est chaotique. 

Lui, il enfile, il tisse, il tricote… Rien ne dit qu’il a parfois interrompu son geste. 

Sa peinture coule en un charme nonchalant. 

 

Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir écrire sur sa peinture ?

Il faudrait dix mille mots en un. 

Un seul mot. Longiligne. Souple. Infini. Qui ne s’interrompt pas.   

Qui peut proliférer, bouillonner, foisonner…

Un mot qui serait éponge, coton, lichen ou algue…

Un mot alvéole.

Un mot galaxie. 

Qui irait explorer les planètes inconnues.

A la recherche d’une vie improbable.

 

Bref.

Sa peinture est une écriture…

Il n’est nul besoin de prendre à mon tour ni la pointe sèche

Ni l’encre ni la plume…

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Mijo Leblanc, septembre 2012

A propos de l'exposition à la galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon

L'exposition du peintre Michel Tosca étaient  à voir (absolument !) à la galerie La Source de Fontaine-les-Dijon, en septembre 2012.

Vous allez visiter cette exposition le nez au mur ! Et vous allez scruter de (très) longs moments ces étonnantes miniatures si raffinée, comme ciselées. On pense à de fines gravures, très travaillées. Mais non. Ces petites abstractions sont faites au pastel et plume ou pointe sèche.

Dans une sobriété de teintes (mais souvent subtiles et indéfinissables, quand ce ne sont pas des gris-noir-blanc), l’artiste fait naître d’inimaginables univers. Entre photo satellite, planche de botanique, planétarium, image de microscope… On hésite ! Au coeur de ces étranges petits mondes, ça fourmille, ça tourbillonne, ça serpente, ça buissonne, ça se ramifie, ça prolifère… Des créatures embryonnaires des premiers âges terrestres, des vies de fonds d’abysses, des  morceaux de planètes,  des éclats de galaxies…

Michel Tosca griffe, gratte, trace, couvre, fouille… En si peu de surface, il en dit tellement ! Parfois, on croit même discerner quelque écriture cunéiforme. Et on a un peu l’impression de tourner les petites pages de son grand livre, chapitre après chapitre  (ses œuvres sont regroupées par diptyques, triptyques ou autres ensembles).

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Martine Lehmans, le 7 juin 2011

Texte de présentation de l'exposition "Intérieurs" à la galerie Mary Ann, Macon

 

 

 

Cher Michel,

 

Ceux qui t'aiment et te connaissent de longue date – quelques-uns sont ici autour de toi – se trouvent rassemblés pour découvrir une nouvelle étape dans le parcours aux multiples facettes auquel tu les as habitués. Homme de talent et de culture, d'une insatiable curiosité, tu as en effet beaucoup voyagé.

 

Nous sommes conviés ce soir à un rendez-vous plus mystérieux, plus insolite que tu t'étais choisi d'accomplir ces dernières années, dans le secret de ta retraite, loin du tumulte des villes, face à toi-même.

 

Le jardinier des champs - nous le découvrons ce soir devant cet ensemble construit - cachait un jardinier des étoiles. Nous ne l'ignorions pas vraiment bien sûr, mais peut-être ne nous attendions-nous pas à cette plongée systématique et libre, courageuse à plus d'un titre, dont tu nous apportes, sans fard, une à une, les perles.

 

Je ne sais pas ce qui meut l'artiste, quelles tentatives profondes porte l'acte créateur – Baisser le masque ? Au contraire, se vêtir telle une armure, de tatouages rituéliques pour composer avec un univers trop large ? L'un et l'autre, ou de l'un à l'autre, sans doute, dans un mouvement balancé de l'être, tes tableaux nous restituent ce tatouage mystérieux, laissé comme ultime trace de quelque mue, une fois traversés murs et miroirs. Dans certains, je ne vois "rien qu'un saut de reinette sur l'ombre d'une palme, rien qu'une goutte d'eau qui tantôt me contient et tantôt me contemple et sur laquelle je pose mon pied le plus léger pour vaincre les étoiles".

 

De cette traversée insolite nous demeure une moisson de lignes, formes, signes ordonnés comme des vagues, eau, chant, prière oserais-je dire auxquels nos yeux consentent. On sait, on songe, que les aubes fragiles calment la douleur du monde, qu'un seul embrun miroitant sur la lande peut apaiser la colère des peuples. Lutte instable, miraculeuse, parfois.

 

Posté en sentinelle, l'homme aux talents multiples veille. Soudain se fond pour raviver minutieusement la flamme de lanternes immémoriales – les toits, alors, s'offrent unis au vent du large.

 

Merci Michel.

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